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mettait déjà en évidence, à ce propos, les sentiments de tristesse, d’anxiété, d’inca-pacité qui grandissent avec la fatigue : il faut ajouter le sentiment d’ennui qui joue ici un rôle remarquable. En même temps, on note une diminution dans la précision de l’action, dans la rapidité des ajustements moteurs, dans l’évocation des souvenirs utiles, de véritables insuffisances psychologiques. Dans les rêves du sommeil on constate les mêmes agitations mentales, avec les mêmes angoisses. On constate aussi des troubles très particuliers de la mémoire, l’amnésie continue, la mémoire retardante et une foule d’insuffisances psychologiques très comparables aux précédentes.

Enfin j’ai eu souvent l’occasion de présenter une interprétation de l’émotion que je crois digne d’être considérée. Quand un individu se trouve soudainement placé dans des conditions auxquelles il n’est pas déjà adapté par une habitude antérieure, quand il manque du temps ou de la force nécessaire pour s’y adapter lui-même au moment présent, ou qu’il ne s’y adapte que difficilement, il présente un grand nombre de perturbations physiques et morales qui sont désignées dans leur ensembles sous le nom d’émotions. Les agitations motrices de l’émotion sont bien connues, ainsi que les agitations viscérales auxquelles on a souvent donné une trop grande importance. J’ai souvent insisté sur l’agitation mentale qui se produit dans les mêmes circonstances; j’ai même essayé d’expliquer par elle ce défilé rapide de tous les souvenirs de la vie entière qu’on a souvent décrit chez des individus exposés à un grand danger. On sait aussi que les individus émotionnés ne sont pas eux-mêmes, qu’ils sont au-dessous d’eux-mêmes. Sans insister sur le détail des faits, je remarque seulement que l’état mental, l’éducation, l’élévation morale d’un individu peut se modifier complètement sous