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élevé de réalité et d’action, et c’est parce qu’ils sont plus éloignés du réel qu’ils n’ont plus le sens du présent.

Ces remarques sommaires sur la conduite de ces malades sont d’accord avec nos observations précédentes sur les sentiments qu’ils éprouvent : c’est un trouble dans l’appréhension du réel et du présent par la perception et par l’action qui me paraît être le caractère fondamental de leurs troubles psychologiques, comme il est le fond commun de toutes les expressions qu’ils emploient eux-mêmes pour faire comprendre leur singulier état.


4. – L’abaissement de la tension psychologique, les oscillations du niveau mental.


Peut-être est-il possible de mieux comprendre ces troubles dans l’appréhension du réel en les rattachant à un autre caractère plus général des phénomènes psychasténiques, caractère important qui joue un grand rôle dans une foule de phénomènes psychologiques. On peut, en effet, rapprocher les symptômes psychasténiques d’un certain nombre de phénomènes psychologiques semi-normaux, semi-pathologiques comme ceux de la fatigue, du sommeil, de l’émotion. Dans tous ces divers états, on constate facilement une foule d’analogie quelquefois bien curieuses[1].

Les individus fatigués ont de l’agitation motrice, de tics, de l’irritabilité, de la rêverie obsédante, des troubles viscéraux. Ils se rendent compte que quelque chose d’anormal se produit en eux et ils ont conscience de certains sentiments inusités. Galton

  1. Cf. Obsessions et psychasténie, p. 474. « Les Oscillations du niveau mental », Compte rendus du Ve Congrès de psychologie, Rome, 1905, p. 110 et Revue des idées, 15 octobre 1905.