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différents, d’agitations mentales, de manies des recherches, de manies des pactes, à la suite de sentiments pathologiques, comme le besoin de direction, le besoin d’être aimé, le sentiment du doute ou le sentiment de l’étrangeté. Toutes ces agitations et tous ces troubles sont loin, en réalité, d’être des angoisses ou des phénomènes d’émotivité. On peut en dire autant à propos des tics, des rêveries, des besoins de vivre dans le passé plus que dans le présent, des aboulies. Tous ces troubles se confondent si peu avec l’agitation viscérale de l’émotion qu’ils lui sont souvent tout à fait opposés. Il y a des malades qui, loin d’être des émotifs, sont des indifférents, des apathiques, et qui deviennent malades et obsédés précisément parce qu’ils se sentent incapable de l’émotion.

Ces réflexions, que l’on pourrait indéfiniment multiplier, suffisent à montrer que l’émotivité, d’ailleurs fort mal comprise, est un phénomène fort banal qui ne servirait pas à distinguer les troubles psychasténiques des autres et qui, d’ailleurs, est loin de se retrouver dans tous ces troubles.


3. – La perte de la fonction du réel.


Le sentiment de ces difficultés m’a poussé à chercher un caractère psychologique plus précis appartenant mieux en propre aux groupes de symptômes que nous considérons, et en même temps plus général, susceptible de jouer un rôle dans la plupart d’entre eux. Je ne crois pas que l’on puisse parler, à ce propos, des phénomènes psychologiques qui tenaient la plus grande place dans l’hystérie; il ne me semble pas que l’on retrouve chez les psychasténiques de faits comparables au rétrécissement du champ de la conscience et à la dissociation de la personnalité.