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admettre dans tous les cas la priorité de l’idée obsédante; or, ce fait est cliniquement inexact. Chez beaucoup de sujets on observe pendant longtemps des tics, des agitations mentales, des angoisses, des sentiments variés d’incomplétude et non des idées obsédants proprement dites. Celles-ci ne viennent que beaucoup plus tard et suivent le plus souvent les autres symptômes au lieu de les précéder. D’ailleurs ces théories étaient le plus souvent fort vagues, elles ne nous apprenaient rien sur la nature de ce trouble intellectuel ni sur son mécanisme.

Dès l’origine de ces études une autre interprétation s’est opposée aux théories intellectuelles. L’une des premières descriptions des obsessions a été donnée par Morel en 1866 sous le nom de délire émotif, ce qui indique bien le point de vu auquel cet auteur se plaçait. Jastrowicz, Sander, 1877; Berger, Legrand du Saulle, 1880; Wernicke, Kraft Ebing, Friedenreich, 1887; Gans Kaan, Schule, Féré, 1892; Dallemagne, Séglas, Ballet, Freud, Pitres et Régis, 1897, admettent que des perturbations de la vie affective, des troubles émotionnels doivent être ici primitifs et doivent déterminer les troubles intellectuels.

L’émotion pour la plupart de ces auteurs est définie à peu près de la même manière que dans la théorie de Lange et de W. James. Elle est constituée par la conscience des variations de la circulation, par la conscience des modifications viscérales variées qui accompagnent certains faits psychologiques. L’émotivité serait le premier degré de la maladie et ce phénomène si remarquable ne serait pas autres chose qu’une aptitude particulière à présenter de grandes modifications viscérales et de grands changements circulatoire à propos de la plupart des faits psychologiques et qu’une aptitude à sentir très vivement ces modifications. C’est cette émotivité ainsi entendue qui produit l’an-goisse, laquelle est d’abord diffuse et naît à