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2. – La théorie intellectuelle et la théorie émotionnelle de la psychasténie.


Il est malheureusement incontestable que l’on ne peut aujourd’hui donner aucune explication anatomique ou physiologique de ces troubles curieux. Sans doute des symptômes physiologiques les accompagnent presque toujours, mais ce sont des symptômes d’une grande banalité qui se retrouvent dans la plupart des troubles arthritiques, dans un grand nombre de maladies physiques et morales; il est impossible de se servir de ces troubles physiologiques pour interpréter des accidents très spéciaux. Une théorie physiologique ne pourrait ni les résumer, ni les distinguer des autres maladies de l’esprit dont le pronostic est fort différent, ni en prévoir l’évolution, ni en indiquer le traitement. Il est nécessaire, ici comme dans l’étude de l’hystérie, de préciser d’abord l’interprétation psychologique qui seule pourra préparer et rendre plus tard possible une interprétation physiologique.

Autrefois les premiers observateurs ont présenté des théories intellectuelles des symptômes précédents, c’est-à-dire qu’ils mettaient au premier rang surtout l’obsession, l’idée qui tourmentait le sujet; ils essayaient de considérer les autres troubles intellectuel. Cette conception plus ou moins modifiée se retrouve chez Delasiauve et Peisse, 1854; Griesinger, 1868; Westphal, Meynert, 1877; Buccola, Tamburini, 1880; Hack Tuke, 1894, et plus récemment dans les travaux de MM. Magnan et Legrain, 1895. Cette opinion ne semble pas en faveur aujourd’hui et elle a été fortement battue en brèche dans le mémoire de MM. Pitres et Régis, 1907. Cette théorie semblait