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Les obsessions hypocondriaques. — Un autre groupe d’obsessions se rencontre aussi fréquemment que les précédentes chez les mêmes sujets : ce sont des préoccupations qui ont rapport à leur propre santé ou à leur propre vie, en un mot, des préoccupations hypocondriaques. La forme typique de cette obsession sera naturellement la pensée de la mort qui se présente de diverse manières, tantôt la mort est considérée comme une maladie, une souffrance terrible que le malade redoute, tantôt elle est considérée comme la suppression des joies de la vie et le malade ne peut plus s’intéresser à rien : « Tout est insignifiant, sans valeur, puisque tôt ou tard tout doit être supprimé par la mort. ». Il est inutile d’énumérer toutes les obsessions déterminées par la crainte de se blesser, la peur d’avaler des fragments d’aiguilles, de s’infecter, de se salir, par la pensée de telle ou telle maladie plus ou moins connue du peuple. L’obsession de la phtisie et bien plus souvent encore l’obsession de la syphilis sont parmi les plus fréquents et les plus redoutables de ces troubles mentaux.

Formes incomplètes des obsessions. — De même que nous avons étudié les formes incomplètes des idées fixes hystériques, de même nous pouvons constater que ces obsessions psychasténiques ne se développent pas toujours au même degré. Quand le phénomène est complet, il contient, comme nous l’avons dit, non seulement des idées, mais des tendances à l’acte, des impulsions et en même temps des peurs, des phénomènes émotifs. Ces différents élément peuvent jusqu'à un certain point se séparer même dans l’obsession proprement dite : en particulier l’élément impulsif peut être prédominant chez le dipsomane, le morphinomane, qui ne réfléchit guère et qui n’a que l’impulsion à boire ou à absorber son poison. Au contraire, l’obses-sion peut rester un phénomène intellectuel sans être accompagnée d’impulsion :