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fondamental de la névrose ». M. Morton Prince, en étudiant un cas remarquable de dédoublement de la personnalité, montrait aussi que les somnambulismes, les médiumnités, les doubles existences sont le terme vers lequel se dirige toujours l’hystérie et que les caractères essentiels de ces phénomènes se retrouvent toujours en germe dans tous les accidents de cette maladie.

Ces notions du rétrécissement du champ de la conscience et de la dissociation de la conscience personnelle sont parallèles. On peut les considérer comme deux aspects l’une de l’autre et on peut suivant les cas considérer l’une ou l’autre comme plus importante. Tantôt, c’est parce que la conscience personnelle est mal constituée qu’elle reste étroite et que toutes les fonctions ne peuvent plus en faire partie simultanément. Tantôt, ce sera la transformation, l’isolement de certaines fonctions devenues plus difficiles par suite de certaines circonstances qui contribueront encore au rétrécissement de la conscience. Ce sont là des études délicates à faire sur chaque cas particulier. L’essentiel c’est que nous connaissons deux caractères psychologiques qui n’existent guère dans les autres maladies de l’esprit et que l’on retrouve à peu près constamment dans tous les phénomènes que la clinique avait réunis sous le nom d’hystérie. L’hystérie devient alors une forme de dépression mentale caractérisée par le rétrécissement du champ de la conscience personnelle et par la tendance à la dissociation et à l’émancipation des systèmes d’idées et des fonctions qui par leur synthèse constituent la personnalité.