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certaines difficultés : dans certains cas nous avons cru observer qu’une certaine dégradation accompagnait la dissociation des fonctions et nous étions disposés à expliquer par cette modification des fonctions dissociées certains caractères des contractures ou des troubles de la circulation. Mais ces phénomènes sont rares et encore discutables, d’ailleurs les altérations ne portaient que sur les parties les plus élevées, les plus perfectionnées de la fonction. D’une manière générale nos anciennes études sur les phénomènes subconscients montrent presque toujours que la fonction séparée de la conscience personnelle subsiste encore à peu près intacte. Le souvenir persiste malgré l’amnésie apparente, de même que la parole et la marche se manifestent en rêve ou en somnambulisme malgré le mutisme et la paraplégie de l’état de veille. Cette conservation des fonctions à l’état dissocié me paraît propre à l’hystérie, elle ne se retrouve pas dans les autres maladies de l’esprit. Dans celle-ci le plus souvent les souvenirs, les actions coordonnées, les habitudes se dissocient davantage, se séparent en éléments plus petits et n’existent plus en temps que fonctions complètes.

Sur quoi donc porte essentiellement la dissociation hystérique, puisque le système qui constitue la fonction n’est pas décomposé? Elle porte uniquement sur la réunion de ces fonctions en un faisceau, sur leur synthèse qui a pour effet la constitution de la personnalité. L’hystérie est avant tout une maladie de la personnalité qui détermine la décomposition des idées et des fonctions dont la réunion constitue la conscience personnelle. C’est d’ailleurs une idée à laquelle étaient parvenus à la suite de mes travaux un très grand nombre d’auteurs quand ils disaient comme MM. Breuer et Freud : « La disposition à la dissociation de la conscience et en même temps à la formation d’état de conscience hypnoïdes constitue le phénomène