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Rien ne nous montre mieux cette dissociation des fonctions que l’étude des troubles de la vision. La maladie semble ici disséquer la vision et séparer chacune de ses fonctions élémentaires mieux que ne pouvait le faire l’analyse psychologique. C’est là un caractère des troubles hystériques de la vision qui avait été très bien reconnu autrefois par M. Parinaud et que l’on est trop disposé à méconnaître aujourd’hui. En un mot, on pourrait noter des faits semblables à peu près dans tous les accidents de la névrose.

Pour bien comprendre cette notion de la dissociation des fonctions dans l’hystérie, il est indispensable d’avoir présentes à l’esprit quelques remarques psychologiques. De même que la synthèse et l’association sont les grands caractères de toutes les opérations psychologiques normales, de même la dissociation est le caractère essentiel de toutes les maladies de l’esprit. La dissociation existe partout et on peut dire que dans les états démentiels on se trouve en présence d’un poussière d’idées, d’habitudes, d’instincts, à la place des constructions complètes tombées en ruine. Dire que la dissociation des fonctions existe dans l’hystérie, c’est simplement répéter une fois de plus que cette névrose rentre dans le grand groupe des maladies de l’esprit.

Pour préciser cette interprétation il est essentiel de se rendre compte du degré de profondeur auquel descend la dissociation des complexus mentaux, de même que dans les études de la chimie on fait connaître la nature d’une substance obtenue par une opération d’analyse quand on indique à quel degré de dissociation sont parvenues les substances complexes que l’on décomposait. À ce point de vue un fait me paraît essentiel dans l’hystérie, c’est que, malgré la dissociation, la fonction elle-même est restée à peu près intacte. Sans doute on rencontre à ce propos