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de la psychologie dans ce domaine n’aurait ainsi d’autre résultat que de supprimer toute la clinique et toute la science de ces maladies.


4. – Le rétrécissement du champ de la conscience.


Il est malheureusement bien difficile de remplacer aujourd’hui cette conception vague et fausse par d’autres plus précises parce que les phénomènes psychologiques morbides sont connus avec bien peu de précision et parce que notre langage est très insuffisant pour les exprimer. Il est probable que bientôt l’analyse physiologique et psychologique découvrira bien des caractères communs à tous les symptômes hystériques, et enlèvera toute importance à ceux que j’ai relevés moi-même. En attendant, certains caractères que j’ai signalés il y a vingt ans et qui n’ont guère été discutés, me paraissaient encore avoir conservé quelque intérêt.

Au lieu de généraliser à tort et à travers le phénomène de la suggestion sans le comprendre, constatons-le quand il existe et voyons de quoi il dépend. Il y a là, comme on l’a vu, un développement excessif des éléments contenus dans une idée, et ce développement semble se faire sans effort volontaire de la part du sujet, sans qu’il y ajoute, comme nous serions obligés de le faire nous-mêmes, tout l’effort de la personnalité. Comment cela est-il possible? Il me semble malheureusement qu’on a guère dépassé l’ancienne explication que je proposait en 1889. Il est facile de remarquer qu’au moment où le sujet s’aban-donne à une suggestion, il a tout oublié, et ne peut rappeler dans sa pensée aucun souvenir, aucune tendance opposée à l’idée suggérée. Sans doute cet arrêt dépend d’un trouble émotionnel, mais ce trouble émotionnel se manifeste d’une façon toute spéciale par la suppression