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Enfin, je signale rapidement une dernière difficulté que l’on rencontre quand on essaye de résumer toute l’hystérie par la suggestion, c’est que tout dépend du sens que l’on donne au mot suggestion. Si on l’entend d’une manière vague, comme le faisait d’ailleurs M. Bernheim, si on en fait un phénomène psychologique quelconque ou même un phénomène psychologique fâcheux pénétrant dans l’esprit d’une manière quelconque, on n’apprend pas grand’chose en disant que l’hystérie est entièrement constituée par des phénomène de suggestion; on répète seulement que c’est une maladie mentale dans laquelle des phénomènes psychologiques quelconques jouent un rôle quelconque. Se décide-t-on à donner au suggestion une signification précise, admet-on que chez certains malades les idées ne se comportent pas comme chez tout le monde, qu’elles agissent d’une manière spéciale sur l’esprit et sur l’organisme. C’est alors cette action spéciale qui est le point essentiel, c’est elle qui constitue l’hystérie et vous n’avez pas le droit de faire une définition dans laquelle vous sous-entendez l’essentiel. Commencez par définir ce que vous appelez suggestion et après, vous direz, si vous le voulez et si c’est vrai, que l’hystérie est une maladie par suggestion. Mais pour définir la suggestion, vous allez être obligés d’introduire dans votre définition certaines notion nouvelles qui sont précisément celles que je réclamais.

En un mot, ce résumé général de l’hystérie par le mot « sugges-tion » est plus spéciaux que scientifique. Si on cherche à serrer cette conception d’un peu près, on n’y trouve que des idées fort vagues, des accusations banales contre les malades ou les médecins, analogues aux anciennes accusations de simulation, la négation de tous les faits spontanés de l’hystérie qui sont innombrables et surtout la négation de tout déterminisme précis de ces névroses. L’introduction