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des sujets qui n’ont absolument jamais été examinés à ce point de vue et qui sont porteurs de symptômes qu’ils ignoraient, dont ils n’avaient pas la moindre idée. On constate ainsi des anesthésies cutanées, des altérations des sens spéciaux, des amauroses unilatérales, des anorexies, je dirai même, quoique cela paraisse surprenant, des parésies hystériques parfaitement nettes et dont personne ne se doutait : tous les médecins ont observé des faits de ce genre. Il y a même des symptômes hystériques qui ne sont pas classiques, que la plupart des médecins ignorent, les amnésies systématiques, les phénomènes de subconscience, la distractivité, etc.., dont nous constatons le développement dans l’histoire du malade sans que personne ait pu avoir l’idée d’en parler auparavant. D’ailleurs, l’histoire de la médecine nous apprend qu’il en était ainsi autrefois, quand les anciens observateurs constataient des faits nouveaux pour eux qui sont devenus classiques depuis leur époque.

Même, quand il s’agit d’accidents où l’idée du sujet joue un rôle évident, comme dans les idées fixes à forme somnambulique par exemple, c’est observer les choses bien grossièrement que de limiter l’accident à la simple expression, à la réalisation de l’idée du sujet. Le malade a dans l’esprit, je le veux bien, l’idée fixe de certaine scène de sa vie, mais, à moins de jouer sur les mots, il est évident qu’il n’a pas l’idée fixe de la manière dont ces scènes se reproduisent, de l’anesthésie spéciale, de l’amnésie particulière qui accompagnent et caractérisent les somnambulismes divers, de cette dissociation même descendant jusqu’à un certain niveau et pas au delà, de tous les caractères de sa maladie, en un mot. Un malade est poursuivi par le souvenir que sa femme l’a quitté et l’a volé, cette émotion s’accompagne chez lui d’un mutisme tout particulier et d’une modification des perceptions auditives; il est bien certain qu’il n’avait