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postérieure à l’accident maladif? Même dans le cas où l’idée est antérieurs, l’analyse psychologique a-t-elle démontré le rôle effectif de l’idée dans la production de l’accident? Ce sont là des questions de psychologie pathologique très délicates que l’ont résout à mon avis d’une façon bien brutale.

Autrefois on expliquait tous les phénomènes hystériques par la simulation, parce qu’on avait surpris et plus ou moins bien compris quelques faits de simulation. Puis on a dit que tous ces accidents dépendaient de la mauvaise volonté du sujet, on lui disait : « Vous êtes paralysé, vous avez des crises de sommeil, c’est parce que vous le voulez bien ». Aujourd’hui on veut bien reconnaître à peu près qu’il ne simule pas toujours et qu’il n’est pas malade pour son bon plaisir, mais on lui dit qu’il est malade parce qu’il pense à être malade, parce qu’il s’est mis en tête d’être malade. En somme le pauvre hystérique continue à être dans son tort. On ajoute, il est vrai, que c’est aussi la faute de son médecin qui lui a donné des symptômes en l’examinant, ce qui fait que tout le monde est coupable le malade et le médecin : il n’y a que la maladie dont on ne parle pas. Tout cela, je l’avoue, me paraît d’une psychologie bien simpliste et bien enfantine.

Je crois, pour ma part, après avoir analysé minutieusement la pensée d’un millier de ces malades que les hystériques ont très rarement la notion précise de leur accident et surtout qu’elles l’ont très rarement avant l’accident lui-même. Je suis convaincu que le plus souvent l’accident se développe à la suite d’un trouble émotionnel, suivant des lois qui lui sont propres et que le sujets ignore complètement. On peut le démontrer de bien des manières : comme l’avait déjà observé Lasègue, beaucoup de symptômes hystériques se développent chez les malades à l’insu du malade et à l’insu de leur médecin. Beaucoup plus souvent qu’on ne le croit, on a l’occasion d’examiner