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trouve sous cette expression est fort claire, si on ne veut pas ergoter sur les termes. C’est l’ancienne conception de M. Bernheim : les phénomènes hystériques ont un grand caractère qui leur est commun à tous et qui n’existe que chez eux; c’est qu’ils sont le résultat de l’idée même que le sujet a de son accident, « l’hystérique réalise son accident comme elle le conçoit ». C’est cette conception qu’il faut maintenant considérer elle-même. Cette conception est vraiment intéressante et elle ne manque pas d’une certaine précision, car il n’y a guère de maladies organiques ni même de maladies mentales où les choses se passent ainsi. Personne ne soutiendra que dans un délire maniaque le malade soit agité parce qu’il pense à l’agitation : ce développement des accidents par un mécanisme toujours identique à celui de la suggestion serait quelque chose de propre à l’hystérie et pourrait évidemment servir à la définir.

Toute la question est de savoir si cela est vrai et si ce caractère se retrouve en fait dans tous les accidents cliniquement hystériques. L’illusion vient de ce que cette conception semble réellement s’appli-quer à quelques accidents. J’ai vu des jeunes filles émotionnées par la vue d’un accès épileptique, penser beaucoup à cet accès et à la suite présenter des attaques qui reproduisaient grossièrement le phénomène. Dans quelques cas que l’on répète, toujours les mêmes, le malade paralysé semble bien avoir eu l’idée de sa paralysie : « J’ai cru, dit-il, avoir la jambe écrasée, j’ai eu l’idée que ma jambe n’existait plus ». La paralysie consécutive avec anesthésie du membre semble la traduction même de son idée. Mais est-ce là une observation exceptionnelle, ou est-ce la règle? La coïncidence entre l’idée de l’accident et l’acci-dent lui-même est-elle constante? Si elle existe, est-il démontré que l’idée a toujours été antérieure et non