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une imitation, ou le plus souvent une simulation donnent-elles un phénomène exactement identique au fait naturel, ce serait souvent bien difficile à démontrer. Dans le cas actuel, je ne suis pas convaincu que les caractères psychologiques d’un accident reproduit par suggestion soient exactement les mêmes que ceux de l’accident primitif. La ressemblance extérieure plus ou moins grande n’a pas d’importance, quand il s’agit de troubles qu’on reconnaît être mentaux. Il se peut qu’il y ait dans les pensées et les sentiments du sujet, dans la durée des phénomènes psychologiques des différences très graves. Il faudrait commencer par une longue étude sur la comparaison des accidents hystériques naturels et de leurs reproductions chez tels ou tels sujets, ce qui n’a jamais été fait, et ce qui d’ailleurs n’apprendrait pas grand’chose sur les caractères essentiel de la maladie. En effet rien ne prouve que le phénomène approximativement reproduit de cette manière ne puisse pas être produit d’une autre et que cette autre production n’ait infiniment plus d’importance. Comme M. Claparède le disait plaisamment, on ne définit pas la mort en disant que c’est un phénomène fort exactement reproduit par la guillotine.

Une autre difficulté encore vient de ce fait que cette reproduction toute imparfaite qu’elle soit ne peut évidemment pas être obtenue sur tout le monde par simple affirmation : je n’arrive pas à paralyser mon bras quand je pense qu’il est paralysé. Cette reproduction ne peut avoir lieu que sur certains sujets déterminés, or ces sujets sont précisément des hystériques. La définition devient ainsi purement verbale : les phénomènes hystériques sont ceux que l’on peut déterminer chez les hystériques. Cela n’apprend pas beaucoup à ceux qui n’ont pas à leur disposition ces sujets types ou qui n’admettent pas la dénomination de ces sujets que l’on prend