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M. Bernheim a si bien montré l’importance ont permis de déterminer expérimentalement, par l’action des idées, bien des phénomènes au moins analogues aux accidents hystériques. Il est résulté de toutes ces remarques que les conceptions de l’hystérie les plus communes ont mis en évidence le premier caractère de l’influence des idées sur le développement de la maladie. Moebius, Strumpell, Forel, répétaient comme Charcot : « On peut considérer comme hystériques toutes les modifications maladives du corps qui sont causées par des représentation. ».

M. Bernheim surtout a lutté pendant des années pour faire prévaloir la conception qu’il avait alors de l’hystérie, conception qui semblait très séduisante et très simple. « Tout phénomène hystérique, disait-il, n’est qu’un phénomène de suggestion déterminé par l’idée que le sujet a de son accident ou par les idées que le médecin lui met en tête à propos de son accident : l’hystérique réalise ses accidents comme elle les conçoit. »

Récemment M. Babinski s’est rattaché à l’enseignement ancien de M. Bernheim, mais il a essayé de renouveler la définition donnée autrefois par cet auteur en l’exprimant d’une manière un peu différente : « un phénomène est hystérique quand il peut être reproduit exactement par suggestion et guéri par persuation ». Examinons d’abord cette dernière formule avant de discuter l’idée fondamentale contenue dans les définitions précédente. Cette formule nouvelle peut-elle être considérée comme une définition indiquant la nature essentielle de l’hystérie et réalise-t-elle sur ce point un progrès sur les conceptions anciennes de Moebius, de Bernheim et de bien d’autres?

Je ne le pense pas : on ne peut guère caractériser une chose naturelle par les conditions de sa reproduction artificielle plus ou moins exacte. Une reproduction,