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La notion psychologique qui paraît la plus élémentaire et celle qui semble se dégager tout d’abord de tous les travaux déjà anciens, c’est la notion de l’importance de l’idée dans les accidents hystériques. Charcot étudiant les paralysies de ces malades avait montré que le trouble n’est pas produit par un véritable accident, mais par l’idée de cet accident; il n’est pas nécessaire que la roue de la voiture ait réellement passé sur la jambe du malade, il suffit qu’il ait l’idée que la roue a passée sur ses jambes. Cette remarque est facile à généraliser et j’ai montré dans beaucoup d’observations détaillées que l’hystérie était souvent une maladie déterminée par des idées fixes. Il y a de ces sortes d’idées fixes dans les somnambulismes et dans les fugues, idée d’un amour contrarié, idée de la mort de la mère, idée de visiter des pays tropicaux, etc.; il y a de même de ces idées dans les contractures systématiques, par exemple, quand une malade tient les pieds étendus parce qu’elle se croit sur la croix; il y a de ces idées dans les troubles viscéraux et nous avons étudié l’observation d’une malade qui est morte de faim parce qu’elle avait l’idée fixe des navets servis au réfectoire de la pension. Ces remarques ont été bien faites de tous côtés, on a constaté également que chez les hystériques les idées ont une plus grande importance et surtout une plus grande action corporelle que chez l’homme normal. Elles semblent pénétrer plus profondément dans l’organisme et y déterminer des modifications motrices et viscérales. C’est un point sur lequel insistaient encore dernièrement MM. Mathieu et Roux dans l’article qu’ils consacraient au vomissement hystérique. « Ce qui caractérise les hystériques, disaient-ils, c’est moins le fait qu’elle acceptent une idée quelconque, que l’action exercée par cette idée sur leur estomac ou sur leur intestin. » En troisième lieu, les études sur la suggestion dont