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expliquaient les transferts les plus fantastiques par l’action physique des aimants n’admettent plus que l’interprétation psychologique de tous les symptômes et se figurent même l’avoir inventée.

Mais si cette études psychologique de l’hystérie est aujourd’hui triomphante, il ne faut pas en conclure que l’on doive supprimer toute précision dans l’analyse des symptômes et dans le diagnostic, il ne faut pas en arriver à jeter pêle-mêle tous les faits observés dans le groupe des troubles psychologiques. Il ne faut pas que l’interprétation psychologique vienne supprimer ce qu’ont fait de bon et d’excellent tous nos ancêtres. Or, il y a eu une œuvre monumentale du siècle dernier, c’est l’œuvre clinique; avec une patience et une pénétration infinie tous ces grands cliniciens ont mis de l’ordre dans un véritable chaos, quand ils ont rangé les symptômes en groupes distincts les uns des autres. Sans doute toutes sortes de perfectionnements doivent s’ajouter à leur travail, mais il ne faut jamais le supprimer ni le méconnaître. Dire, sous prétexte de psychologie, qu’un somnambulisme est identique à un délire quelconque, qu’un vomissement hystérique est une simple toquade à confondre avec les manies du doute ou les mélancolies ou peut-être même avec les tics des idiots, c’est revenir deux cents ans en arrière et il vaudrait bien mieux supprimer l’inter-prétation psychologique et en rester à la description clinique. Par conséquent, en faisant de l’hystérie une affection psychologique, nous n’avons pas du tout l’intention, comme certains auteurs semblaient le croire, de la confondre avec une maladie mentale quelconque. Nous disons même que c’est aujourd’hui le trouble psychologique le mieux caractérisé et celui qu’il importe le plus de distinguer des autres. C’est une obligation qu’il ne faut jamais oublier quand on examine les théories psychologiques de l’hystérie.