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sans pouvoir s’arrêter. Ces crises de langage, qui peuvent porter sur la parole ou sur l’écriture, ont revêtu bien des formes. On retrouve ici la même exagération, la même régularité que dans les crises d’idées fixes : on y retrouve les mêmes caractères négatifs, le sujet ne peut plus arrêter sa parole; mais, ce qui est le plus curieux, il ne peut plus non plus la produire volontairement. À mon avis, les phénomènes de mutisme hystériques doivent être étroitement rapprochés des cas de parole et d’écriture automatique dont ils ne sont que la contre-partie. Le malade n’a plus la libre disposition de la fonction du langage; dès qu’il fait attention, dès qu’il sent qu’il va parler, il ne peut plus dire un mot. Cependant, le langage existe encore, il se produit complètement dans des crises, dans des rêves du sommeil normal, dans des somnambulismes. Le langage existe en dehors de la conscience personnelle, il n’existe plus en même temps que cette conscience.

Quand nous avons étudié ensuite divers accidents portant sur les mouvements volontaires des membres, nous avons constaté que des petits systèmes de mouvements et quelquefois de grands systèmes riches et anciens, constituant de véritables fonctions, se développaient sans contrôle d’une manière exagérée et constituaient des tics et des chorées. Ce défaut de contrôle se manifestait aussi par des phénomènes négatifs étroitement associés avec les précédents, par des paralysies et des anesthésies qui semblaient jouer ici le même rôle que les amnésies du somnambulisme.

En arrivant aux fonctions sensorielles, nous avons vu les mêmes agitations sous forme de douleurs et d’hallucinations, accompagnées de certaines pertes de contrôle, qui constituaient des anesthésies variées portant sur les sens spéciaux, comme sur les sensibilités générales. À propos de ces anesthésies, nous