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hystériques. Il ne faut pas non plus choisir arbitrairement certains faits que l’on considérait comme hystériques à l’exclusion des autres : ainsi la conception récente de M. Bernheim, qui voudrait limiter l’hystérie à la seule attaque émotionnelle, me paraît tout à fait arbitraire.

Certains symptômes, assez nombreux, sont cliniquement des phénomènes hystériques, et cela depuis fort longtemps, parce qu’ils coexistent chez les mêmes malades, parce qu’ils alternent les uns avec les autres, qu’ils ont la même origine et souvent la même terminaison. Il reste à justifier ce groupement purement clinique en constatant que ces phénomènes ont les mêmes caractères fondamentaux. Mais il faut prendre comme point de départ ces données de l’observation clinique et ne pas leur substituer des hypothèse prématurées et toujours douteuses sur la nature inconnue de la maladie.

C’est en suivant cette méthode que j’ai mis au premier rang un certain délire observé depuis les temps les plus anciens et devenu même populaire, les idées fixes à forme somnambulique. Ce délire est, à mon avis, extrêmement original : il rentre bien dans les maladies mentales; mais, dans toute la pathologie mentale, je ne crois pas que l’on puisse trouver un délire semblable, qui ait les mêmes caractères et qui puisse être confondu avec celui-ci. D’abord, ce délire est extrême, il s’accompagne d’une conviction intense que l’on retrouve bien rarement; il détermine une foule d’actions, et, si je ne me trompe, amène quelquefois de véritables crimes. Il donne naissance à un foule d’hallucinations de tous les sens, extrêmement remarquables. Le développement de ce délire est étonnamment régulier : la scène de la crucifixion ou la scène du viol se répètent cent fois de suite exactement, avec les mêmes gestes, les mêmes mots au même moment. D’autres caractères, en quelque sorte