Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’est beaucoup occupé du phénomène du transfert qui consiste dans le passage rapide d’un symptôme du côté droit au côté gauche du corps ou réciproquement. Une paralysie, une contracture, un trouble de sensibilité qui siégeait d’un côté, passait sous diverses influences sur le point symétrique du côté opposé. On attribua d’abord ce phénomène à des actions physiques, à celle de l’aimant ou du courant électrique, puis on se décida à remarquer que des phénomènes psychologiques jouaient souvent un grand rôle dans sa production et alors, par une réaction violente, on le considéra brutalement comme un fait de suggestion et on ne voulut plus s’en occuper.

À mon avis, ce passage d’un accident d’un côté à l’autre n’est pas nécessairement et toujours le résultat d’une suggestion, il survient quelquefois à l’insu du sujet et de l’opérateur, et cela très naturellement. C’est une application particulière d’une disposition très générale chez l’hystérique dont on observe mille autres applications; c’est une conséquence de la disposition aux équivalences. L’hystérie, en effet, est une maladie bien singulière dont on n’ose jamais affirmer la guérison. Il est souvent facile de faire disparaître, par un procédé psychologique quelconque, tel ou tel accident déterminé. D’ailleurs, ces accidents disparaissent souvent tout seuls à la suite d’une émotion d’une secousse quelconque ou même sans raison; mais quand un accident a disparu, surtout quand il a disparu trop rapidement, il ne faut pas tout de suite chanter victoire. D’abord il y a bien des chances pour que le même accident ne tarde pas à réapparaître, ensuite il arrive très souvent une chose étrange : c’est qu’un autre accident survient à sa place, en apparence tout à fait différent. Une jeune fille de douze ans présentait des vomissements incoercibles qui l’avaient mise dans un état d’inanition très grave. Grâce à certaines excitations