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intention, a permis de constater que, dans bien des cas, des anesthésies accompagnaient un assez grand nombre d’accidents hystériques. On a beaucoup discuté aujourd’hui sur l’origine et la signification de ces anesthésies, mais leur existence fréquente me paraît incontestable. Ces troubles de la sensibilité sont le plus souvent associés à des troubles du mouvement des membres et quelquefois à des troubles viscéraux, si bien que l’on soutenait autrefois que le trouble de la sensibilité cutanée se superpose exactement au-dessus de l’organe malade. De ces remarques, justes dans certains cas, on concluait un peu vite que, dans tout accident hystérique, se rencontre une modification de la sensibilité superficielle, et ces modifications devenaient le stigmate essentiel de l’hystérie. Cette conception, que l’on critique souvent avec trop de sévérité, a fait faire de grands progrès à la médecine : elle a amené successivement la découverte d’une foule de symptômes hystériques peu connus et a permis aussi de distinguer de l’hystérie bien des phénomènes qui en sont indépendants.

Cependant, cette interprétation doit-elle continuer à dominer sans modification? La discussion sur ce point a commencé dès le début de l’enseignement de Charcot; ses adversaires, et ils furent nombreux, se sont toujours opposés à son interprétation de ce symptôme. Beaucoup de ces critiques sont justifiées, car l’anesthésie hystérique ne joue certainement pas en pratique le rôle absolument prépondérant que voulait lui faire jouer Charcot. D’abord, il n’est que trop certain que cette anesthésie n’est pas aussi facile à reconnaître qu’on le croyait; elle a, comme nous l’avons vu, des caractères psychologiques très délicats, qui rendent souvent difficiles à interpréter les réponses du sujet; mais surtout elle est très mobile, très impressionnable, tantôt il suffira de votre seul examen pour faire disparaître une anesthésie réelle, tantôt, ce qui