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sur la conduite et sur le caractère moral plus ou moins persistant et fondamental des hystériques et des psychasténiques.


1. – Le problème des stigmates hystériques.


C’est à propos de l’hystérie que cette recherche a été faite le plus souvent, et à toutes les époques on a décrit un stigmate fondamental de cette névrose; mais, bien entendu, ce stigmate a beaucoup varié, car il reflétait les théories de chaque époque sur cette maladie. Tantôt ce stigmate a été l’attaque convulsive, tantôt il a été simplement la boule hystérique : on lit avec étonnement dans les ouvrages du début du XIXe siècle des études sur la sensation de globe, de boule qui étouffe les femmes nerveuses, et que l’on considérait comme le symptôme fondamental de l’hystérie.

Plus tard, surtout sous l’influence de l’école de Charcot, un autre symptôme est devenu le stigmate par excellence, c’est l’anesthésie, surtout l’anesthésie cutanée. Il y avait là inconsciemment un certain retour vers le passé; au moyen âge, on avait aussi une sorte de diagnostic à faire pour reconnaître autant que possible les sorcières et les possédées avant de les brûler, et on sait la méthode singulière qui était employée à cet effet. Un chirurgien examinait le corps du patient de tous côtés, en interrogeait la sensibilité avec une aiguille acérée, afin d’y découvrir « la griffe du diable », cette plaque d’insensibilité qui était « une marque assurée de sorcellerie ». On examinait tous les recoins, car la diable a l’habitude de se dissimuler dans les endroits les plus cachés, et en somme on faisait l’examen de la sensibilité des muqueuses comme de celles de la peau. Cette même recherche, recommencée un peu plus scientifiquement et dans une meilleure