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de ce genre; j’ai décrit plusieurs malades qui tout d’un coup perdent leur personnalité et ne peuvent plus la retrouver. Le cas de Bei… était particulièrement typique : cette jeune fille, qui avait un amant à l’insu de ses parents, lut dans un journal une petite nouvelle quelconque ayant rapport à deux amants qui, par leur inconduite, avaient fait le malheur de leurs familles. Elle pensa immédiatement que cette histoire était tout à fait identique à la sienne, elle fut troublée et éprouva le besoin de prendre de l’air. À peine au dehors, elle fut surprise de ne plus se reconnaître : « Ce n’est pas moi qui marche, disait-elle, ce n’est pas moi qui parle, etc. » et ces insuffisances psychologiques ont continué pendant plus d’un an. La maladie du doute a commencé chez une femme Bre…, âgée de 36 ans, de la manière la plus étrange : elle soignait avec dévouement son mari très malade sans se rendre compte de la gravité de la situation. Un jour, elle demanda au médecin, avec beaucoup de tranquillité, si dans quinze jours son mari pourra l’accom-pagner à la campagne. Le médecin, avec une maladresse involontaire, se laissa à répondre : « Mais vous n’y songez pas, ma bonne dame, dans quinze jours, tout sera fini ». La pauvre femme fut bouleversée, elle ressentit comme un choc dans la tête, ce fameux choc que nous retrouvons si souvent au début des fugues, des délires, dans les grandes émotions et dont nous savons si peu la nature. Dès ce moment. La voici qui change de caractère, présente une foule de troubles et en particulier devient une douteuse, avec doutes de perception et surtout doutes de souvenir, ce qui ne tarde pas à amener toutes sortes d’obsessions.

Les faits de ce genre qui sont très nombreux seraient tous semblables, ils me paraissent si importants que j’ai proposé le mot de psycholepsie qui signifie « chute de l’énergie mentale » pour désigner