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Quand ces symptômes ont duré en s’aggravant, la moindre occasion, un effort pour faire un acte quelconque, un effort d’attention, ou une petite émotion vont déterminer le début d’autres phénomènes : la malade, très agitée et angoissée, va avoir une crise de rumination mentale et s’interroger indéfiniment sur la naissance de son enfant : « La petite tache qu’il porte au derrière est-elle la preuve qu’il soit de son mari? Peut-on concevoir des enfants sans avoir eu d’amant? etc. » Ou bien, si la malade veut se débarrasser de ces questions obsédantes, elle va avoir de l’agitation motrice et entrer dans de véritables crises d’excitation. Autrefois, les périodes ainsi commencées se prolongeait pendant des mois, c’est-à-dire que les crises d’agitation se calmaient, mais que la malade restait dans l’état de dépression avec les sentiments d’incomplétude, prête à recommencer une crise d’agitation à propos de n’importe quoi. Aujourd’hui, la crise de rumination ne survient que deux ou trois fois, car la malade n’y reste exposée que peu de jours. Le sixième ou le septième jour de la maladie, surtout si elle a pris quelques soins, est déjà moins grave, il n’y a plus de véritables crises d’agitation forcée. Tout se borne de nouveau aux symptômes de l’état de dépression, aboulie, sentiment d’étrangeté et un certain degré de dépersonnalisation. Ces symptômes diminuent le jour suivant et, quand Kl… a dormi une bonne nuit sans « fièvre de tête », tout est fini et aucune des mêmes circonstances précédentes ne peut plus l’agiter.

De cas remarquable et très instructif est tout à fait identique aux autres, mais il est beaucoup plus précis : il nous montre que la période de dépression est plus longue que la crise d’agitation et qu’elle l’enveloppe; c’est l’existence d’une telle période qui est le fond de la maladie et qui en explique les accidents.

Ce qui est très important au point de vue clinique,