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bien observé et l’expliquent très bien. Une femme Kl… que j’ai souvent décrite, sait très bien que le trouble commence à la fin des règles : il s’annonce presque toujours par une modification du sommeil, la malade dort moins bien et d’une manière bizarre. Il lui semble qu’elle dort trop profondément et en même temps qu’elle ne se repose pas : ceux qui ont étudié le sommeil des épileptiques sont habitués à cette description. En même temps Kl… sent que son sommeil est douloureux, qu’elle a, tout en dormant, une douleur qui se forme au-dessus de la tête, c’est ce qu’elle appelle « avoir la fièvre dans la tête ». Quand elle se réveille le matin en se souvenant qu’elle a eu, pendant le sommeil, la « fièvre dans la tête », elle est certaine qu’elle va encore être malade. En effet, elle se sent, dans cette première journée, mal à son aise, elle est fatiguée, elle souffre de la tête, elle n’a aucun appétit; les digestions sont longues, pénibles, accompagnées de gonflement et de pesanteur de la région épigastrique, la langue est devenue immédiatement tout à fait saburrale et la constipation est opiniâtre. On voit que, du moins chez cette malade, ce sont les symptômes physiques qui semblent apparaître les premiers. La nuit suivante est encore plus mauvaise et la « fièvre de tête » plus forte. Quand la malade se réveille, elle est moralement troublée : « Je sens que je n’y suis plus, j’ai tout à fait perdu ma volonté, on peut faire de moi ce que l’on veut, puisque je suis devenue une machine… Je ne puis plus lire ni comprendre… Les gens me paraissent drôles et j’ai envie de me fâcher contre eux parce qu’ils ont de drôles de têtes… Je deviens étrange, incompréhensible à moi-même et je m’interroge sur une foule de choses ». Voici donc que surviennent les sentiments d’incomplé-tude à propos de la volonté et de la perception; ils forment très nettement, chez cette personne, une période maladive.