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état à un autre, par exemple quand il commence à s’endormir, il a des crises d’agitation sous toutes les formes. Une malade se mettait à hurler, à se contorsionner, dès qu’elle commençait à dormir, elle se réveillait alors et se calmait, mais au bout d’une demi-heure recommençait la même scène à propos d’une nouvelle somnolence; d’autres ont des agitations mentales dans les mêmes circonstances ou à propos du réveil, ce sont des faits de ce genre qui m’ont si souvent amené à comparer le sommeil à un acte volontaire.

La crise d’agitation est commencée, nous savons ce qui va la remplir, ce sont tous ces phénomènes d’interrogation, de calcul, de conjuration, de tics, de troubles respiratoires et cardiaques, d’efforts moteurs que nous avons décrits à propos de l’agitation psychasténique des diverses fonctions. Mais on peut se demander quel est le caractère général du trouble qui constitue la crise. Je crois que ce caractère est double : le premier fait capital à mon avis, c’est que les opérations qui devaient s’effectuer quand la crise est survenue sont complètement supprimées. Le malade devait, disions-nous, accomplir un acte volontaire, écrire une lettre, traverser une place ou préparer le dîner, il devait accepter ou refuser une croyance, éprouver la douleur de l’accouchement ou ressentir le plaisir d’une audition musicale. Eh bien, rien de tout cela n’a eu lieu. Le malade n’écrit rien, ne traverse pas la place, il reste son pot à la main dans l’escalier sans descendre chercher le dîner, il rumine pendant plusieurs heures et n’est pas arrivé à savoir s’il croit ou s’il ne croit pas ce qu’on lui a dit. Il en est absolument de même pour les sentiments : quand Lise a d’épouvan-tables ruminations au moment des douleurs de l’accouchement, elle a sans doute des souffrances morales, mais elle n’a pas les souffrance physiques qu’elle devrait avoir. Il y aurait des études