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suffit de rappeler que les actes qui donnent très souvent naissance à des phobies sont des actes professionnels. Dans un groupe de voisin, celui des phobies du corps chez beaucoup d’hypocondriaques, ce sont les actes du corps, les fonctions corporelles qui provoquent l’angoisse : remuer un membre, remuer le petit doigt, marcher surtout, manger, déglutir, digérer, uriner, exercer les fonctions génitales, aller à la selle, etc., voici les fonctions et les actes qui jouent le rôle essentiel.

Quand il s’agit des dysesthésies des sens, c’est l’acte de flairer, l’acte d’écouter, l’acte de regarder qui est le point de départ de la crise. Il en est de même pour les tics : le sourire obsédant, les tics du visage avec coprolalie surviennent quand il faut entrer dans un salon, parler à quelqu’un, faire un acte difficile. On peut faire la même remarque à propos des ruminations : nous avons insisté sur la grande rumination de Ger… à propos du maigre du vendredi; cette crises d’agitation mentale a commencé quand elle devait descendre pour chercher le dîner. D’autres commencent à ruminer quand ils doivent monter en omnibus, s’asseoir à table, se laver, uriner, écrire une lettre, signer un acte, etc… Bien entendu, pour avoir cet effet, pour devenir ainsi le point de départ de la crise, il faut que l’acte soit volontaire et ne s’exécute pas tout seul, par distraction, d’une manière automatique.

Le deuxième phénomène qui joue un rôle prépondérant comme de départ de ces crises c’est l’attention, l’effort pour comprendre quelque chose et mieux encore l’effort pour accepter une idée ou la nier : l’effort de croyance. Toutes ces agitations, quelles qu’elles soient, commencent à propos d’un travail mental, mais surtout à propos d’une interrogation qui nécessite une réponse affirmative ou négative. Il ne faut pas que les malades soient amenés à