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qui le tourmente. Une malade qui a l’obsession des choses religieuses et des sacrilèges voit un crachat par terre qui le fait penser à l’Eucharistie, un hypocondriaque voit passer un enterrement, etc. Mais nous avons déjà remarqué que l’association des idées n’a pas du out chez ces malades la même rigueur que chez l’hystérique et qu’en réalité c’est le malade lui-même qui explique par la ressemblance du crachat avec l’hostie une obsession ou une crainte qui se développait dans son esprit pour d’autres raisons. Les causes occasionnelles des crises d’agitation me paraissent différentes et plus intéressantes[1].

Dans un premier groupe de cas ces crises commencent à l’occasion d’une action volontaire qui par suite de circonstances devient nécessaire : c’est le début d’un acte, c’est le désir, le besoin d’accomplir un acte qui amène les agitations et les angoisses. Le malade doit se mettre à table et doit manger devant quelques personnes, c’est cet acte qu’il ne peut pas faire. Il vous dira bien qu’il a sa crise de terreur ou de scrupule parce qu’il y a des poussières, des microbes sur la table ou parce que les bouteilles ressemblent à un membre viril, mais à mon avis ce n’est pas vrai, c’est là une explication surajoutée par son imagination. Il a sa crise tout simplement parce qu’il doit faire un acte qui est difficile et compliqué pour lui. Tout un groupe de phobies, celles qu’on a appelées les phobies des objets ne sont comme je l’ai montré que des phobies d’actes : l’objet n’est qu’une occasion ainsi que le contact lui-même, parce qu’on n’agit pas sans toucher à des objets, mais l’essentiel dans le phénomène c’est l’acte. La malade de Legrand du Saulle qui a la phobie de la plume et de l’encrier a en réalité sa crise d’angoisse quand elle veut écrire.

Nous avons vu beaucoup de faits de ce genre, il

  1. Obsessions et psychasténie, p. 239.