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déjà plus ou moins complets chez des hystériques. Faut-il attribuer la même nature aux états hypnotiques que l’on obtient quelquefois, plus rarement qu’on ne le croit, chez des sujets en apparence sains, en apparence indemnes d’accidents hystériques? En d’autres termes, l’hypnotisme déterminé artificiellement chez des sujets en apparence bien portants est-il toujours un phénomène hystérique, un somnambulisme hystérique soumis aux mêmes lois de la dissociation mentale que les somnambulismes précédents?

On se souvient des grandes batailles que cette question a soulevées autrefois, je ne puis les recommencer ici. Je dois me borner à rappeler l’opinion que j’ai défendue longuement dans beaucoup d’ouvrages et qui me paraît encore la plus exacte.

Évitons, pour ne pas embrouiller le problème, d’étudier des états frustes, indistincts analogues à des somnolences quelconques ou à des états émotifs plus ou moins intéressants. Ne considérons que les véritables sommeils hypnotiques dans lesquels l’activité mentale est assez développée pour que le sujet puisse comprendre la parole et dans lesquels cependant cette activité mentale est assez différente de la pensée de la veille pour qu’il y ait amnésie consécutive, nous pourrons toujours faire alors facilement les quatre remarques suivantes : 1º Si on fait l’analyse des caractères psychologiques présentés par de tels états on ne trouvera aucun caractère nouveau qui n’appartienne déjà aux divers somnambulismes hystériques. Les modifications apparentes sont insignifiantes et s’expliquent très bien comme des résultats de l’éducation; 2º Si on examine sans parti pris les sujets sur lesquels ces états ont pu être déterminés on verra que le plus souvent il s’agit d’hystériques incontestables ayant déjà eu autrefois des somnambulismes sous une forme quelconque ou bien ayant présenté