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naturels. Cela tient à ce que, comme nous l’avons vu à propos des somnambulismes polyidéiques, de nouvelles idées peuvent se développer dans cet état sans l’arrêter immédiatement. Une nouvelle idée, un nouveau sentiment se sont développés pendant cet état et tendent à lui donner une nouvelle unité, c’est l’idée de l’expérimentateur qui a déterminé le somnambulisme, c’est le sentiment particulier qu’il inspire au sujet. Au début l’expérimentateur ne pouvait que difficilement s’introduire dans le somnambulisme dont il avait seulement déterminé la réapparition, il n’était compris du sujet que s’il lui parlait de son propre rêve et souvent il cessait vite d’être entendu. Mais peu à peu il devient lui-même partie intégrante du rêve du somnambule, il est toujours entendu et compris, il dirige la pensée en dehors de l’idée fixe dominante et inspire toute les pensées qu’il désire. Cette influence de plus en plus grande que l’expérimentateur prend sur son sujet ne tarde pas à transformer le somnambulisme, à lui donner une forme et des lois souvent bizarres qui résultent simplement des habitudes de l’expérimentateur. L’un apprend à son sujet à parler toujours en tutoyant pendant l’état somnambulique, tandis qu’il dit « vous » dans l’état normal, un autre l’habitue à s’endormir profondément quand on lui touche le vertex. Ce sont des phénomènes de ce genre qui ont été présentés autrefois comme des lois du somnambulisme et qu ont donné lieu, à l’époque de Charcot, à tant de discussions passionnées. C’est ainsi que se forme chez certains sujets un somnambulisme artificiel qui semble assez particulier pour qu’on l’ait baptisé d’un nom spécial et qu’on en fasse un état hypnotique.

Les états ainsi reproduits artificiellement, les somnambulismes surtout ne tardent pas à se modifier un peu. Au bout d’un certain temps ils ne sont plus entièrement identiques aux phénomènes primitifs et