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Eh bien, ce caractère singulier est développé au plus haut point dans les névroses hystériques et il se retrouve surtout dans tous ces somnambulismes dont nous venons de parler. Il faut remarquer d’abord que c’est là un caractère très net des somnambulismes monoïdéiques, ou des idées fixes à forme somnambulique. Il nous suffit de faire naître dans l’esprit du sujet d’une manière plus ou moins précise l’idée dont le développement remplit le somnambulisme pour que celui-ci réapparaisse. Quelquefois, pour faire naître cette idée, il faut la rappeler complètement, la décrire, insister sur les images qui la constituent, souvent il suffit d’un signe, il suffit d’évoquer un terme associé avec cette idée pour que, grâce à l’association automatique des images, tout le reste du somnambulisme se développe. Parlez de Pauline à cette jeune femme qui voulait l’imiter en se jetant par la fenêtre et elle va rêver au suicide de sa nièce, se diriger vers une fenêtre et recommencer toute la scène. Interrogez Irène sur la mort de sa mère, vous allez voir l’un ou l’autre de ces phénomènes différents. Ou bien, comme nous l’avons noté, elle comprend mal la question, nous répond vaguement, n’a pas de souvenirs précis relatifs à la mort de sa mère, ni même à sa maladie. Ou bien, si vous insistez beaucoup, si vous rappelez des faits caractéristiques de l’agonie, le sujet va se troubler, il va cesser de nous entendre et de voir les choses environnantes. Bientôt il s’isolera dans son rêve et alors il récitera avec déclamation les détails de l’agonie dont nous parlions, il jouera la scène de la mort et sa propre tentative de suicide sous une locomotive : le somnambulisme aura recommencé.

Cette remarque s’applique à plus forte raison aux attaques hystériques, à ces formes incomplètes du somnambulisme mêlées à divers agitations motrices. Ceux qui ont décrit les points hystérogènes et les points