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ceux du second groupe qui ont pour type Félida : le cas de Ladame, ceux de Verriest, 1888; de Bonamaison, 1890 de Dufay 1893, et beaucoup d’autres pourraient être décrits d’après le même modèle : il est inutile d’insister, ces cas ne présentent pas de phénomène psychologiques bien nouveaux.

Mais il y aurait lieu de former un troisième groupe que l’on pourrait appeler celui des cas complexes, dans lequel devraient être rangées quelques observations célèbres. Il s’agit de malades extrêmement compliqués qui ont non pas deux formes d’existence, mais un très grand nombre de formes d’existence jusqu’à 9 ou 10. Ces différents états psychologiques présentent les uns vis-à-vis des autres des relations très diverses : tantôt ce sont des somnambulismes réciproques, tantôt ce sont des somnambulismes dominateurs.

L’un des plus remarquables cas publiés en France est celui de Louis Vivet étudié de 1882 à 1889 par bien des auteurs, par Legrand du Saule, Voisin, Mabille et Ramadier, Bourru et Burot, etc. Ce garçon avait six existences différentes; chacune était caractérisée : 1º par des modifications de la mémoire qui portaient tantôt sur telle époque, tantôt sur telle autre; 2º par des modifications du caractère; dans un état il était doux et travailleur, dans un autre il était paresseux et colère; 3º par des modifications de la sensibilité et du mouvement, dans un état il était sensibilité et du mouvement, dans un état il était insensible et paralysé du côté gauche, dans un autre il est paralysé du côté droit, dans un troisième il était paraplégique, etc. Le fait le plus curieux de cet état c’est que l’on pouvait, en agissant sur ce troisième caractère, amener les modifications correspondantes des deux autres. Si l’on guérissait sa paralysie des deux jambes, on le faisait entrer dans l’état où il avait toutes ses sensations et tous ses mouvements et alors on voyait réapparaître le caractère