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un développement indépendant. Cela amène deux chose, une lacune dans la conscience générale qui est représentée par une amnésie et un développement exagéré et indépendant de l’idée émancipée ». Or, ici, rien de semblable, il n’y a pas une idée nette, un système précis, qui se soit émancipé de la conscience, il semble qu’il y ait beaucoup d’idée différentes qui remplissent le somnambulisme.

Je pense pour ma part que la difficulté est plus apparente que réelle et qu’il s’agit toujours au fond du même phénomène. Les systèmes psychologiques qui existent dans notre conscience sont très nombreux et ils ne se présentent pas tous sous la même forme. Sans doute un des systèmes les plus simples, c’est l’idée relative à un événement, l’idée de la mort de sa mère est un système bien défini qui peut être supprimé avec netteté et qui peut se développer avec exagération. Mais il y a d’autres systèmes plus vagues dont nous avons déjà constaté un grand nombre. Considérons pour le moment le système de pensées et de tendances qu’on appelle un sentiment, ce n’est pas un système aussi net qu’une idée, mais il existe cependant avec une grande unité. Le sentiment qui résulte de la peur d’une accusation infamante, le sentiment de curiosité pour les voyages lointains, le sentiment d’amour et de jalousie à propos d’un amant, voilà des systèmes de pensées qu’il n’est pas toujours facile d’exprimer dans des mots, qui ne sont pas des idées proprement dites, qui peuvent au contraire renfermer de très nombreuses idées différentes, mais qui ont cependant leur unité mentale.

Eh bien, dans les somnambulisme polyidéiques et dans les fugues, c’est sur ces sentiments que la dissociation a porté. C’est un sentiment plus ou moins précis qui dans son ensemble s’est séparé de la conscience générale et se développe d’une manière indépendante en donnant naissance à ces singuliers