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scène : voilà qui est bien simple. Un autre jour, étant en train de se promener avec son amant, elle a été surprise par un violent orage, et épouvantée par un coup de tonnerre très violent. Son amant s’est paraît-il montré peu courageux, et n’a su ni la rassurer, ni la mettre à l’abri. Grande colère contre lui, crise violente également à forme de somnambulisme monoïdéique dans laquelle elle entend le coup de tonnerre, tombe évanouie, puis fait une scène à son amant : c’est encore bien simple et conforme à la règle. Troisième histoire : Un jour, encore au moment de ses règles, elle a volé un revolver et s’est mise en embuscade le long d’une route par laquelle elle voit passer une voiture dans laquelle se trouvent son amant et sa rivale. Elle tire sur eux et tombe en arrière en crise délirante du même genre. Il y a encore dans sa vie d’autres aventures qui ont toujours le même résultat.

À la suite de tout cela, elle est à l’hôpital et à peu près tous les jours, pour des occasions insignifiantes, elle tombe dans des crises délirantes. Ces crises commencent au hasard par le récit ou la comédie, comme on voudra, de l’une des aventures précédentes, elle a les yeux hagards, elle tremble et met ses mains devant sa figure avec une violente expression de terreur. Elle ferme ses yeux devant les éclairs et elle joue la scène de l’orage, puis brusquement, sans se réveiller, elle prend une autre expression de physionomie, fait semblant de chercher des clés, crochète des tiroirs, lit des lettres, pousse des cris de fureur, etc. Enfin, elle tient à la main un revolver imaginaire, regarde par la fenêtre avec un air furieux, presse la détente et tombe en arrière évanouie. Ces trois scènes, et d’autres du même genre, recommencent indéfiniment, se succèdent dans un ordre irrégulier, et cela pendant des heures. C’est encore un état somnambulique avec le même isolement du sujet incapable de