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événements présents, notion exacte de la personnalité, etc.

Si on ajoute que ces fugues se présentent chez des individus qui ont déjà eu comme je l’ai fait remarquer chez P… des somnambulismes antérieurs, ou bien si on remarque que ces individus sont susceptibles de présenter plus tard, comme cela est arrivé chez Rou… des états somnambuliques, le rapprochement devient encore plus légitime, et l’on peut dire que les fugues sont en somme des développements d’une idées fixe à forme somnambulique.

Cependant il faut constater les différences : 1º Pendant l’état anormal, l’idée qui se développe n’a certainement pas la même puissance que pendant le somnambulisme monoïdéique, elle règle bien la conduite mais elle n’amène pas les hallucinations et les délire qu’elle produisait dans le cas précédent. Quand Irène avait l’idée du suicide et qu’elle rêvait à se faire écraser par une locomotive, elle n’avait pas la patience d’aller jusqu’à une voie de chemin de fer et de combiner un suicide réel, elle avait immédiatement l’hallucination de la voie du chemin de fer, et sans tant d’embarras, elle se couchait sur le plancher de la salle. Les individus qui font des fugues ne semblent pas d’ordi-naire avoir de telle hallucinations : le développement de l’idée fixe est évidemment moins intense. 2º L’isolement de l’idée est également moins net et c’est là un fait bien caractéristique. Nos grands somnambules ne voyaient, n’entendaient absolument rien en dehors de leurs idée fixe; au contraire, les malades précédents conservent un très grand nombre de perceptions et de souvenirs nécessaires pour accomplir correctement leur voyage. « Ce qu’il y a de plus étonnant dans les fugues hystériques, disait Charcot, c’est que ces individus ne se font pas ramasser par la police dès le début de leur expédition ». En effet, ce sont des malades en plein délire, et cependant ils