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de ce genre, simple expressions d’idées fixes et de sentiments. On constate en grand nombre dans ces attaques d’autres faits relatifs à des agitations des autres fonctions. Par exemple, très souvent le bavardage se développe, dépasse le sujet de l’idée fixe et porte sur une foule de choses insignifiantes; souvent même il devient tout à fait incohérent, ce sont des paroles pour des paroles.

À cette agitation verbale s’ajoute presque toujours de l’agitation motrice qui constitue ce qu’on a appelé avec une expression impropre les convulsion des hystériques. Ce sont des mouvements dans lesquels la systématisation musculaire reste absolument correcte, sans doute, mais qui nous apparaissent sans signification. Ajoutons encore des agitations de la perception sous forme d’hallucinations et surtout sous forme de douleurs qui arrachent des cris aux malades. Les agitations désordonnées des fonctions respiratoires déterminent la polypnée, des gémissements ou des hurlements monotones qui se répètent pendant des heures.

La grande crise de K…, déterminée, comme je l’ai dit, par la mort de son chien, pourrait fournir un très bon exemple de ce mélange de tous les phénomènes d’agitation hystérique. Pendant de longues heures se succèdent et se mêlent confusément des sanglots, des larmes qui coulent à flots, des cris aigus, des hurlements monotones qui se répètent exactement sur le même ton et avec le même rythme pendant plus d’une heure, des grands mouvements des bras qui tantôt frappent la poitrine ou arrachent les cheveux, tantôt se balancent régulièrement sans aucune signification, puis des déclamations sur la fatalité qui frappe sans raison, qui torture les meilleurs sans qu’ils aient mérité leur sort, puis des récitations de tirades douloureuses empruntées à des poètes : « Ah! vivre un jour sans lui me semblait la mort même…