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anormal; celui-ci ne semble plus se rendre compte des choses et il ne tarde pas à perdre conscience. Cette perte de conscience est très importante à bien comprendre, car son degré distingue les différentes attaques les unes des autres et en particulier sépare l’attaque hystérique de l’accès épileptique. Dans l’hystérie, si je ne me trompe, la perte de conscience n’est jamais réelle, elle est simplement apparente. Nous supposons qu’elle existe pour deux raisons : d’abord parce que le sujet ne nous répond plus et ne paraît pas réagir aux excitations du monde extérieur, et deuxièmement parce qu’après l’attaque il ne paraît pas se souvenir de ce qui s’est passé. Mais il ne s’agit là que d’une anesthésie et d’une amnésie ayant au suprême degré les caractères hystériques portant sur la personnalité normale du sujet et non sur la conscience en général. En usant de certains procédés on arrive très bien à mettre en évidence des sensations pendant l’attaque et des souvenirs après l’attaque. Il y a là un changement de conscience plutôt qu’une suppression de conscience.

Cette nouvelle conscience qui apparaît est remplie par les divers phénomènes d’agitation fonctionnelle que nous avons longuement étudiés. L’un de ceux qui jouent un grand rôle est une agitation des idées qui se développent d’une manière indépendante et exagérée. C’est là que l’on retrouve toutes les idées fixes à forme somnambulique, complètes ou incomplètes; c’est là que l’on constate les expressions complètes de l’idée par des actes, les expressions incomplètes par des attitudes, des hallucinations, des paroles, des expressions émotionnelles. Briquet soutenait autrefois que l’attaque d’hystérie n’est pas autre chose que la répétition exacte des troubles par lesquels se manifestent les impressions morale vives. Mais je ne pense pas comme cet auteur que toutes les crises soient uniquement constituées par des phénomènes