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dite. Ensuite, malgré l’apparence, il faut bien se rendre compte que ces phénomènes sont moraux et non point physiques et qu’ils dépendent encore des idées et des émotions du sujet. Les différentes régions de notre corps participent à tous les événements de notre vie et à tous nos sentiments. Voici deux individus qui ont été tous deux blessés à l’épaule, l’un par un ascenseur, l’autre par un omnibus. Ces blessures sont guéries depuis longtemps, mais le souvenir d’une sensation à l’épaule, l’idée même de l’épaule fait partie du souvenir de l’accident; il suffit de toucher l’un de ces malades à l’épaule pour que cette sensation bien spéciale lui rappelle son accident et qu’elle détermine la crise. L’idée de maladie de poitrine, la peur de la phtisie, s’accompagne chez une malade d’une certaine sensation pénible dans le sommet du poumon gauche à l’occasion de laquelle elle a débuté. Cette même sensation localisée à ce point sera le point de départ de l’attaque. Dans les émotions amoureuses, à moins qu’il ne s’agisse de purs esprits, il y a des sensations génitales avec gonflement de la région. Pourquoi ne pas comprendre que dans toutes ces émotions de regret, d’amour, de remords, cette image d’une sensation physique intervienne et qu’elle joue le rôle de point de départ? Ajoutez les innombrables associations d’idées déterminées par les habitudes du malade ou même par les interrogations du médecin et l’on comprendra que ces prétendus points hystérogènes sont tout simplement des endroits où se produisent facilement certaines sensations spéciales associées avec le souvenir d’un événement émotionnant. Les diverses auras qui se développent ainsi sont constituées par des sensations de mouvement, de crampes dans différentes parties du corps, dans différents viscères, par des changements de sensibilité dans divers organes.

L’état mental du sujet devient de plus en plus