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d’un point du corps du sujet. On sait qu’on a attribué autrefois une très grande importance à ces points du corps qu’on appelait points hystérogènes. Charcot et Pitres en ont fait une longue étude qui semble aujourd’hui contenir bien des erreurs. On admettait que l’attaque commençait par une douleur ou une sensation étrange située à tel ou tel point du corps : les points les plus fréquents étaient, chez les femmes, la région inférieure du ventre appelée région ovarienne, d’un côté ou de l’autre. Les douleurs à ce point au moment de l’attaque étaient si fréquentes qu’elles ont même déterminé les théories des anciens sur l’hystérie. Qui ne connaît l’absurde histoire inventée par Platon, qui a fait le tour du monde, qui pendant des siècles a obnubilé l’esprit des médecins et qui a rejeté une sorte de honte sur tous ces malades. C’était disait-il, la matrice très excitée qui réclamait satisfaction et qui, ne l’obtenant pas, montait à travers le ventre jusqu’à la gorge des malades pour les étouffer. En effet, cette sensation de gêne qui commence souvent dans le bas du ventre semble monter et se propager à d’autres organes. Par exemple, elle s’étend très souvent jusqu’à l’épigastre, jusqu’aux seins, puis jusqu’à la gorge. Là elle prend une forme assez intéressante qu’on a très longtemps considérée comme tout à fait caractéristique de l’hystérie. La malade sent comme une boule, comme un objet trop gros qui remonte dans son cou et qui l’étouffe. Elle fait un effort, soit pour avaler, soit pour expulser ce gros marron. D’autres points et d’autres sensations peuvent intervenir irrégulièrement sur la poitrine, sur les épaules, sur les yeux, sur la tête, et ils semblent dépendre de phénomènes exclusivement physiques.

Il ne faut pas se tromper sur la nature de ces points : d’abord ils ne correspondent jamais à de véritables lésions organiques ou du moins, s’il y a là des lésions, elles ne jouent aucune rôle dans l’hystérie proprement