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analyse psychologique sera possible. Mais déjà, ici, l’obscurité est bien plus grande parce que les phénomènes psychologiques sont moins nets.

Mais quand il s’agit d’un phénomène de rhinorrhée ou d’un œdème, comment voudra-t-on faire la même analyse sur le degré de conscience personnelle des phénomènes psychologiques? Ceux-ci sont bien peu nombreux et bien mal analysés. Il est difficile de reconnaître leur existence; comment essayer de se prononcer sur les caractères délicats qui distinguent les deux psycho-névroses? Aussi ne faut-il pas être surpris si l’on retrouve de ces troubles circulatoires chez les malades des deux catégories sans pouvoir les distinguer l’un de l’autre : j’ai souvent observé de beaux cas de dermographisme ou d’œdème cutané chez des psychasténiques incontestables, sans trouver dans ces phénomènes aucun caractère qui permît de les distinguer de ceux que l’on décrivait autrefois chez les hystériques. Il me semble qu’il est inutile de s’engager dans des diagnostics de ce genre, c’est le seul moyen de conserver quelque précision à l’étude des névroses.

En un mot, les symptômes proprement névropathiques sont parfaitement clairs et nets lorsque l’on considère les idées et les fonctions mentales comme la mémoire, l’action volontaire et la perception; ils existent encore quand il s’agit des fonctions viscérales nettement associées avec des instincts, des phénomènes d’attention ou d’émotion; ils deviennent obscurs quand on considère des fonctions élémentaires très fondamentales et très anciennes dans l’organisme, sur les quelles la conscience actuelle de l’homme semble avoir moins d’influence.