Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

différences. Or, il est facile de voir que les choses ne se présentent pas toujours ainsi.

Certains de ces phénomènes viscéraux sont accompagnés d’une forte conscience et de phénomènes psychologiques bien distincts : leur diagnostic devient alors aisé. Par exemple, je prétend qu’il est presque toujours possible et souvent très utile de distinguer l’anorexie hystérique et la sitiergie psychasténique, car ni l’évolution, ni le pronostic, ni le traitement, ne sont les mêmes. Dans les premiers cas, on constate une disparition du sentiment de la faim beaucoup plus complète, des anesthésies variées, une agitation musculaire, un besoin de mouvement sur lequel j’ai beaucoup insisté, qui est en rapport avec un état d’euphorie. En un mot, tous les sentiments relatifs à l’alimen-tation, même le sentiment de la faiblesse corporelle, se sont dissociés; le sujet n’a plus dans sa conscience personnelle aucun phénomène psychasténique de la sitiergie, la disparition de la faim est beaucoup moins nette, le sentiment de la faiblesse et du besoin d’aliments persiste, il détermine des irrégularités dans le refus des aliments : le sujet n’est pas précisément incapable de manger, il est incapable de manger en public ou bien de prendre la décision volontaire et définitive de se nourrir, il ne présente véritablement de troubles que dans les sentiments sociaux qui accompagnent l’alimentation, dans les idées et dans les déterminations relatives à la nourriture. Cette analyse psychologique peut en général être faite plus ou moins nettement quand il s’agit d’un phénomène comme celui de l’alimentation, dans lequel les pensées et les sentiments jouent un grand rôle. Aussi le diagnostic des deux névroses est-il ici presque toujours intéressant. On pourra le faire de même, au moins dans certains cas, à propos des tics respiratoires et des vomissements, quand la même