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faites sur les régions anesthésiques et paralytiques ne saignaient pas de la même manière que les piqûres faites sur les régions saines. L’écoulement du sang est nul, ou bien il est minime et s’arrête immédiatement. D’ailleurs la peau de certaines régions est souvent plus pâle et plus exangue qu’à l’état normal. Enfin il est incontestable qu’on observe facilement, dans beaucoup de ces d’anesthésie et de paralysie hystériques des modifications importantes de la température superficielle. Les sensations de froid que les malades accusent souvent dans leur membre importent ne sont pas toujours imaginaires et il n’est pas rare d’observer des différences de température de 3 ou de 5 degrés entre le membre paralysé et le membre sain. C’est là un fait anciennement connu sur lequel M. Egger a récemment insisté d’une manière intéressante. Ces modifications circulatoires permanentes, en rapport avec des spasmes des vaso-moteurs, ne me semblent pas être mises en doute.

D’autres phénomènes peut-être plus rares sont ces troubles vaso-moteur qui déterminent des oedèmes dans diverses régions. L’école de Charcot a beaucoup insisté sur un œdème particulier de coloration bleue ou blanche assez dur, souvent froid, qui se développe en même temps que les contractures ou les paralysies hystériques des membres. J’en ai observé plusieurs exemples sur les bras et sur les jambes; je l’ai même observé une fois à la face, en même temps que l’hémispasme glosso-labié. Dans certains cas le trouble va plus loin encore : l’épanchement de la sérosité détermine des troubles cutanés variés dont le terme serait de véritables gangrènes hystérique; dans d’autres cas il y la rupture des vaisseaux superficiels et une véritable hémorragie. Ces hémorragies cutanées ont joué un grand rôle dans l’interprétation des stigmates