Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans un état de distraction et de rêverie; lorsqu’on attirait son attention par un procédé quelconque, sa respiration changeait et redevenait à peu près normale. Il en était d’ailleurs de même dans les autres cas de Cheyne Stokes que j’ai retrouvés chez des hystériques. Cette respiration existe chez des sujets qui sont dans un état de demi-sommeil et qui sont incapables de prêter aucune attention : elle disparaît quand le sujet est plus réveillé et plus actif. Ces observations sont intéressantes pour montrer le rôle de la respiration dans l’attention; elles sont aussi importante pour la théorie de l’hystérie, car elles nous montrent ici le trouble d’une fonction, celle de la respiration attentive, qui n’est pas une fonction connue par le sujet et qui, par conséquent, ne peut pas être troublé par ses idées préconçues.

Dans le même ordre d’idées je voudrais signaler, plutôt à titre de curiosité, car cette fois je n’en ai vu qu’un seul cas, un phénomène de paralysie du diaphragme avec respiration alternante ou en bascule[1]. On sait que dans la respiration normale le diaphragme s’abaisse quand le thorax se soulève, qu’il refoule activement les intestins et gonfle par conséquent le ventre pendant l’inspiration. Si le diaphragme est paralysé, il ne peut pas faire ce mouvement actif, il flotte comme un voile inerte et se laisse aspirer pendant l’inspiration en bascule. On la considérait autrefois comme très dangereuse et incompatible avec la vie. Briquet cependant en avait déjà signalé un cas d’une manière vague, il est vrai, chez une hystérique dont la vie n’était pas compromise. J’en ai décrit une observation avec beaucoup de précision à propos de cette jeune fille qui avait tout le tronc paralysé à la

  1. Névroses et idées fixes, I, p. 430, II, p. 414.