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aucun obstacle en aucun point; il n’y avait qu’un désordre singulier du système nerveux, une incapacité de faire le mouvement respiratoire, de remuer le moins du monde la poitrine dès que la bouche se trouvait fermée. Comme le disait très bien M. Lermoyez, cette jeune fille avait oublié comment on s’y prenait pour respirer par le nez. N’est-ce pas une jolie dissociation de la fonction respiratoire, ou du moins d’une des parties de la fonction respiratoire?

Dans certains cas cependant le trouble respiratoire peut prendre d’autres formes plus déterminées, mais ce sont là des fait rares, encore en discussion, que je signale simplement à titre de problème,. J’ai communiqué au Congrès de Psychologie de Paris, en 1900, un fait qui, a mes yeux, n’est pas sans importance. Il s’agit de l’apparition du rythme de Cheyne Stokes dans l’hystérie. Vers 1816, Cheyne (de Dublin) et Stokes ont décrit une certaine irrégularité de la respiration tout à fait spéciale et n’apparaissant, selon eux, que dans les états les plus graves. Ce rythme est caractérisé par des pauses respiratoires qui peuvent durer une demi-minute, alternant avec des séries de dix à quinze respirations, rapides. Au début on ne connaissant ce phénomène que dans l’apoplexie cérébrale, dans la plupart des états agoniques, dans certaines variétés de tumeurs cérébrales; plus tard on le retrouva dans la fièvre typhoïde, dans l’urémie, dans diverses intoxications. C’est M. Mosso le premier qui a singulièrement généralisé ce rythme respiratoire; il a montré qu’il existait quelquefois dans le simple sommeil naturel, pourvu que celui-ci fût profond, et qu’on le retrouvait dans tous les états d’engourdissement cérébral. À une époque où je prenais systématiquement le graphique de la respiration de toutes les hystériques, je fus très étonné de trouver chez l’une d’elles un graphiques qui représentait exactement le rythme de Cheyne Stokes. Cette malade était toujours