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la respiration. Ce que j’ai constaté le plus souvent, c’est un désordre respiratoire, une absence de régularité et d’harmonie. La respiration dépend d’organes complexes, le nez, le pharynx, la glotte, la cage thoracique, le diaphragme; pour qu’elle s’effectue correctement, il faut que tout marche à la fois et dans le même sens. Il est inutile de dilater le thorax si on ferme la glotte, ou si on relève le diaphragme. Le trouble respiratoire est moins une paralysie proprement dite qu’un défaut de synergie; cela est encore intéressant pour comprendre ces paralysie névropathiques qui sont toujours des paralysies systématiques.

Ce caractère systématique est encore plus net dans certaines formes curieuse de paralysie partielle de la respiration. Un cas remarquable a été publié, il y a quelques années, par M. Lermoyez; il me semble tout à fait intéressant pour la théorie de l’hystérie et il aurait dû attirer l’attention beaucoup plus qu’il ne l’a fait. Il s’agit d’une jeune fille d’une vingtaine d’années conduite chez M. Lermoyez parce qu’elle avait le nez obstrué par des végétation adénoïdes. L’opération fut faite sans aucune difficulté. Mais on remarqua à la suite que la jeune fille ne respirait pas mieux qu’auparavant, qu’en particulier elle était encore forcée de tenir la bouche ouverte. M. Lermoyez crut que le nez était encore obstrué; il l’examina minutieusement, mais il ne découvrit rien, car les voies respiratoires étaient largement ouvertes, et il voulut démontrer à la jeune fille qu’elle respirait très bien par le nez. À sa grande surprise, il n’en fut rien : il n’y eut pas de souffle par les narines, la malade se tordit comme si elle étouffait et quand on insistait, en la tenant fortement, la face et les oreilles bleuirent. En un mot, cette jeune fille asphyxiait quand on lui fermait la bouche en lui laissant le nez ouvert. Il n’y avait cependant