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d’elle, les hommes qui deviennent tout petits, la terre qui est bien loin et les anges qui viennent au-devant d’elle : « ils volent, ils agitent leurs ailes bleues, les voici tous qui m’entourent ; cher ange, garde-moi dans tes bras, c’est si doux, laisse-moi toujours dans ce bonheur ! »

Un degré au-dessous et le sujet cesse même de parler, il n’exprime son idée fixe que par l’attitude de son corps et l’expression de sa physionomie, il reste comme figé avec une expression magnifique de joie, d’extase, de peur ou de colère. Ce sont les attitudes cataleptiques qui ont joué un grand rôle dans les épidémies religieuses et dans les études des artistes. Un degré encore au-dessous, les attitudes des membres disparaissent, ils restent immobiles et retombent inertes si on les déplace ; seuls les changements de la physionomie, les grandes modifications de la respiration et des palpitations du cœur indiquent les émotions qui bouleversent l’esprit du sujet. Un pas de plus encore et nous arrivons à un phénomène qui n’est pas toujours bien compris : le malade semble s’être évanoui, il a les yeux fermés, les membres en résolution, la respiration régulière, c’est en vain qu’on essaye de le secouer, il ne réagit en aucune manière. Au bout d’un certain temps, très variable, il se réveille de lui-même et soutient qu’il ne lui est rien arrivé ; souvent même il ne se souvient pas de s’être endormi. Pouvons-nous aussi comparer cet état aux précédents et l’appeler encore une idée fixe de forme somnambulique ? Dans quelques cas, je crois que cela est exact, on peut observer d’abord que ces nouveaux accidents se produisent dans les mêmes conditions que les précédents après un fait émotionnant et après les événements qui le rappellent. Ensuite dans certains états que nous étudierons plus tard on peut rappeler les souvenirs de ce qui s’est passé pendant ces sommeils, on peut forcer les sujets à dire tout haut les rêves