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et complète paralysie fonctionnelle. Existe-t-il dans les névroses que nos considérons ici une suppression de la respiration, une asphyxie correspondante à l’anorexie, supprimant toute respiration et allant jusqu’à la mort? Le fait a été souvent discuté : j’hésite pour ma part à admettre qu’il puisse être vrai, j’ai vu plusieurs hystériques mourir de faim, je n’en ai pas encore vu mourir d’étouffement. L’asphyxie hystérique, résultant de troubles variés dans la fonction respiratoire, ne me semble pas susceptible en général d’amener la mort. Il arrive un moment ou l’asphyxie détermine l’évanouissement, c’est-à-dire l’arrêt des fonctions supérieures du cerveau et la respiration qui était gênée par ces fonctions supérieures reprend sous une forme plus élémentaire, grâce à l’automatisme du bulbe. C’est en effet là que se trouve la raison de la différence qui existe entre les troubles alimentaires et les troubles respiratoires des hystériques. L’alimentation, ou du moins la partie mécanique de cette fonction, la préhension des aliments, est entièrement une fonction consciente et volontaire : même si nous mourons de faim, si nous sommes évanouis par inanition, aucun mécanisme bulbaire ou médullaire ne nous fera manger. Tandis que la respiration n’est pas uniquement une fonction consciente et volontaire; heureusement pour nous il y a un mécanisme respiratoire fondamental en dehors de notre conscience, c’est lui qui sauvegarde nos hystériques. Cette différence entre le danger de l’anorexie et le peu de danger de l’asphyxie hystérique est encore un fait à relever pour justifier notre interprétation mentale de la maladie.

Quoi qu’il en soit il y a des troubles hystériques de la respiration qui se comprennent d’ailleurs fort bien depuis que nous savons l’influence du cerveau sur cette fonction. Flourens en 1842 rattachait entièrement la respiration au bulbe, mais depuis les travaux