Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est la fameuse grossesse nerveuse dont j’ai pu étudier une douzaine de cas et dont il est bon de se méfier. L’erreur est ici moins grave que lorsqu’on attribue ces gonflements du ventre à des tumeurs diverses et lorsqu’on conseille des opérations.

Quoi qu’il en soit, ce gonflement abdominal n’est pas très aisé à expliquer : les anciennes théories du temps de Charcot le rattachaient à une paralysie des parois intestinales, permettant la dilatation des gaz. Je suis bien plus disposé aujourd’hui à croire qu’il s’agit de phénomènes respiratoires : l’un de ces phénomènes est un spasme du diaphragme qui reste abaissé et comprime les viscères en avant, mais il ne détermine que les petits gonflements. L’autre est en rapport avec cette même aérophagie, cette même déglutition d’air dont je parlais tout à l’heure. Certains malades rendent l’air qu’ils ont avalé par des éructations, d’autres ne réussissent pas à vider leur estomac par l’orifice supérieur. Ils forcent le pylore et envoient cet air dans l’intestin où il détermine divers troubles de la digestion et en particulier de la diarrhée. Mais en même temps cet air parvenu dans l’intestin produit un énorme gonflement de tout l’abdomen. On peut imaginer et observer bien d’autres combinaisons de ces troubles respiratoires.

À côté de ces agitations de la respiration dont la polypnée est le type et qui déterminent tous ces tics divers, il existe, plus souvent qu’on ne le croit, des diminutions, des sortes d’insuffisances de la respiration, de même que nous avons constaté des insuffisances de l’alimentation. Cependant, il est incontestable que nous ne pouvons commencer l’étude de ces insuffisances respiratoires par l’examen d’un trouble aussi important et aussi net que l’anorexie hystérique. Celle-ci était, comme on l’a vu, la suppression, la dissociation de l’alimentation tout entière, allant jusqu’à l’inanition et jusqu’à la mort : c’était une grande