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se mettaient à hurler, à aboyer ou a miauler. Le fait est aujourd’hui moins répandu et il n’est pas aussi épidémique, mais il existe bien souvent sous des formes variées. Dans bien des cas ce tic se mélange avec quelques-uns des troubles du langage dont nous avons déjà parlé. L’aboiement devient peu à peu un mot particulier, le nom d’une personne, ou une obscénité quelconque.

On comprend en effet que tous ces divers tics que nous avons analysés peuvent se mélanger les uns avec les autres et produire des phénomènes complexes. Par exemple le hoquet, par le vide qu’il détermine dans le thorax, produit un appel d’air dans l’œsophage et amène les sujets à déglutir de l’air. Au bout de trois ou quatre hoquets l’estomac est plein d’air, ce qui amène un autre fait : c’est l’expulsion de ces gaz de l’estomac par un rot. C’est pourquoi, si l’on veut bien y faire attention, les grands hoquets sont toujours interrompus de temps en temps par des rots de tonalité différentes[1].

À ces mêmes tics complexes de la respiration je voudrais rattacher un phénomène extrêmement curieux : le gonflement du ventre ou le météorisme[2]. Il faut bien connaître ce phénomène, parce que c’est lui qui donne naissance aux erreurs médicales les plus communes et les plus grotesques. Chez certaines jeunes femmes nouvellement mariées qui désirent avoir un enfant, les règles se suppriment, le ventre grossit, les seins durcissent et se colorent, il y a des nausées et des vomissements, les sages-femmes appelées sentent le bras de l’enfant et fixent la date de la délivrance. Cette date arrive et rien de cesse, on attend plus longtemps et un beau jour tout disparaît, sans qu’on puisse savoir ce qu’est devenu l’enfant.

  1. Névroses et idées fixes, II, p. 358, 485.
  2. Accidents mentaux des hystériques, p. 112. Névroses et idées fixes. II, p. 495.